Les années 60

Beatles et Stones

 

Etes-vous Beatles ou Stones ? Aujourd’hui, le public aurait plutôt tendance à prendre le meilleur des deux mondes. Mais pendant de longues années, pareille chose était impossible. Il fallait choisir son camp entre les « belles » mélodies des « sages » Beatles et les cailloux bruts de décoffrage des « scandaleux » Rolling Stones. Quoi qu’il en soit, cette rivalité a eu pour principal bénéfice d’empêcher chaque camp de dormir sur ses lauriers.

The Beatles

Please, please me

 

Appliqués, déterminés et inventifs, John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr mettent d'emblée tous les atouts de leur côté en 1963 pour transformer ce coup d'essai en coup de maître, alternant chansons composées par de leurs deux têtes pensantes et chantantes et reprises symptomatiques de leurs ambitions et symboliques de leurs influences musicales. Ici, les brillants disciples réussissent à égaler leurs pairs avant que ces derniers ne leur vouent une admiration réciproque. Du cinglant "I Saw Her Standing There" à l'épileptique "Twist And Shout" en passant par l'entraînant "Please Please Me", c'est tout un flacon de parfum déversé dans le boudoir des sixties que nous sommes invités à inhaler jusqu'à l'ivresse.

 

 

The Beatles

For Sale

 

Devenus une entreprise extrêmement lucrative, les Beatles se déclarent "à vendre", mais leur âme demeure miraculeusement intacte face au tourbillon au cour duquel ils évoluent. D'ailleurs, les thèmes abordés dans leurs nouvelles chansons figurent parmi les plus sombres, avec des titres comme "No Reply", "I'm A Loser", "Baby's In Black", "I Don't Want To Spoil The Party" (superbement chantés par John Lennon) ou "I'll Follow The Sun" et "What You're Doing", ballades émouvantes interprétées par Paul McCartney. Nettement plus enjoués, "Every Little Thing" et surtout "Eight Days A Week" s'inscrivent dans la grande tradition des hits du quatuor. Enfin, un florilège de reprises permet à chaque membre de s'en donner à cour joie : " Rock And Roll Music " (Chuck Berry) et " Mr. Moonlight " (Roy Lee Johnson) pour John, "Kansas City/Hey Hey Hey" (Little Richard) pour Paul, "Words Of Love" de Buddy Holly (John et Paul), ainsi que deux compositions du grand Carl Perkins, "Honey Don't" chantée par Ringo et "Everybody's Trying To Be My Baby" chantée par George. C'est vrai qu'à l'époque, tout le monde rêve de sortir avec un Beatle...

 

 

The Rolling Stones

England's newest hit makers

 

Ce premier album des Stones détrônera les Beatles de la première place des charts et y restera trois mois. C’est une merveille, au son incroyable : guitares râpeuses, batterie bien mate, tambourin hyper présent, voix devant et harmonica dans l'écho. Douze titres, onze reprises, que du bon, du blues (I Just Want To Make Love To You, I'm A King Bee), du rhythm'n'blues (Can I Get A Witness, Walking The Dog, Little By Little, de et avec Spector), du rock (Not Fade Away, Carol), tout y passe. Et l'unique original, un superbe titre pop, Tell Me, dominé par les guitares acoustiques, indique que le groupe va prendre une dimension supérieure dans un futur très proche.

 

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CHUCK BERRY : « His Best » Volume 1 / Chess – Universal

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The Beatles

Rubber soul

 

Ce disque est une pure merveille, parfaitement homogène, mélodieuse à souhait et dotée d'arrangements dont la simplicité confine au génie. Fortement influencés par les harmonies envoûtantes des guitares des Byrds, les Beatles adoptent et adaptent des sonorités venues d'outre-Atlantique pour les injecter à leurs mélodies imparables sur fond de psychédélisme naissant ("Norwegian Wood" introduisant George Harrison au sitar, "Nowhere Man", "In My Life", "If I Needed Someone", etc.), de chanson de rue française ("Michelle") ou de musique traditionnelle grecque ("Girl"). A la fois crucial et charnière, "Rubber Soul" (âme en caoutchouc, en gomme à effacer ou en préservatif, c'est selon.), marque l'avènement d'une ère nouvelle, celle de la recherche instrumentale et de l'ouverture sur des musiques autres que la pop et le rock du début des années 60. Pour l'anecdote, il s'agit du disque que George Harrison préfère..

 

 

The Rolling Stones

Aftermath

 

"Aftermath" est le premier album intégralement écrit et composé par messieurs Jagger-Richards qui, particulièrement inspirés, livrent de petites merveilles enchanteresses intitulées "Paint It Black", "Lady Jane", "Under My Thumb", "I Am Waiting", "Stupid Girl", ou encore "Going Home", longue improvisation s'étalant sur plus de onze minutes (une première à l'époque), au fil de laquelle Mick Jagger exprime un désir sexuel particulièrement exacerbé. De son côté, ce lutin blond de Brian Jones offre au groupe de nouvelles sonorités grâce à l'apport d'instruments inhabituels dans l'univers du rock (sitar, dulcimer, marimbas, clavecin, etc.), étoffant ainsi une formule musicale riche et flamboyante.