Jack Kerouac

 

- Fiche signalétique -

 

né le 12 mars 1922 à Lowell, Massachussets.

mort le 21 octobre 1969, à l'âge de 47 ans, à St. Petersburg en Floride.

Quelques oeuvres : Avant la route en 1950, Sur la Route en 1957, Big Sur en 1961, ...

Leader de la beat generation avec Allen Ginsberg, William S. Burroughs, Gary Snider, Neal Cassady, Lawrence Ferlinghetti, ...

 

- L'enfance -

 

Jack Kerouac (de son vrai nom Jean-Louis Kerouac) est né le 12 mars 1922 à Lowell, Massachussets. Issu d'une famille de Canadiens français, Ti Jean parle un dialecte français (le joual) durant toute son enfance. Il est le plus jeune des trois enfants Kerouac. Il a une sœur, Carolin (Nin), et un frère, Gérard, qui meurt prématurément à l'âge de 9 ans (Ti Jean est alors âgé de 4 ans).

Jean est un enfant sérieux, il passe son enfance entre sa mère, Gabrielle Levesque, dite Mémère et ses nombreux amis. Il écrit très jeune des histoires en s'inspirant d'une émission de radio The Shadow, puis plus tard des romans de Thomas Wolfe.

À Lowell, durant son adolescence, Jack est une vedette de football américain et ses performances sportives lui permettent d'obtenir une bourse afin d'intégrer l'université de Columbia, à New-York. Cette bourse permet à la famille Kerouac de faire face à des difficultés financières. Puis les problèmes arrivent, Jack Kerouac se bat avec son entraîneur qui refuse de le faire jouer, son père perd son travail et sombre dans l'alcoolisme. Exclu de l'université, il s'engage dans la marine marchande. En attendant une carte d'embarquement, il erre dans les rues New-Yorkaises avec ses amis de Columbia Allen Ginsberg et Lucien Carr ainsi que William Burroughs et un jeune marginal de Denver, Neal Cassady.

 

- Des débuts difficiles et l'errance (traverser l'Amérique sans dépenser un sou, de gagner des parties impossibles au billard et de citer Kant et Schopenhauer) -

 

En 1950, Jack Kerouac écrit son premier ouvrage intitulé Avant la route (The Town and The City), ouvrage très inspiré des nouvelles de Thomas Wolfe. Ses amis aiment le manuscrit et Ginsberg s'adresse à des professeurs de Columbia pour aider Jack à trouver un éditeur. Ce roman, qui à défaut de célébrité lui apportera une légitimité en tant qu'écrivain.

Les 7 années qui suivirent ne furent que des échecs successifs vis à vis des éditeurs. C'est pendant ces années qu'il rencontre Gary Snider qui lui fait découvrir le bouddhisme et la communion avec la nature. Jack Kerouac retracera cette époque dans son livre les Clochards Célestes.

Il traverse alors le pays dans tous les sens avec Neal Cassady. Il cherche à écrire un livre sur ces voyages en expérimentant des formes plus libres d'écriture diiférentes du style très conventionnel de son premier roman. Il s'inspire en grande partie de la prose spontanée des lettres de Cassady. Il décide de décrire ses aventures telles qu'elles se sont déroulées, et pour ne pas interrompre le flux de ses pensées, il tape le manuscrit sur un long rouleau de papier. Malheureusement, son éditeur ne reconnaît pas dans ce livre le style de The Town and the City et n'accepte pas de publier le livre.

Durant ses années 50, Jack Kerouac écrit plusieurs autres romans dont Visions de Cody, Docteur Sax, Maggie Cassidy, Les souterrains, Visions de Gerard... Aucun n'est publié. Lors de l'un de ses passages à San Francisco, Jack fait la connaissance d'un jeune poète zen, Gary Snyder.

 

- La célébrité et la mort -

 

C'est à San Francisco qu'un engouement commence à se créer autour de ce que Jack Kerouac a nommé Beat Generation quelques années plus tôt lors d'une conversation avec son ami écrivain John Clellon Holmes. Ginsberg et Snyder deviennent célèbres après la lecture du 7 octobre 1955 à la 6 Gallery. Ces nouvelles célébrités proclament que Jack Kerouac est le plus talentueux d'entre eux, ce qui réveille l'interêt des éditeurs.

Sur la Route est publié en 1957 et connaît un immense succès. Jack Kerouac devient l'icône beat et il ne sait pas comment réagir devant cette immense popularité.

Sur la route est le livre clé de la beat generation. Sur la Route est le récit des errances du rebelle de 29 ans qu'il est (Jack Kerouac porte le pseudonyme de Sal Paradise) dans les étendues américaines, voyageant en auto-stop, logeant chez qui l'accepte, partageant femmes et alcool avec des amis de rencontre. Il s'abandonne à la loi du hasard, à la recherche d'une fraternité réelle entre les gens. Le récit est le compte rendu de cette quête avec ses moments d'euphorie, mais aussi ses passages à vide, ses instants nuls, ses échecs. Jack Kerouac rend parfaitement dans ses ouvrages la nostalgie des grands espaces.

Il traduit également son anti-conformisme, son refus des normes du temps et l'amour de la vie libre et sans souci. C'est la quête du plaisir immédiat et souverain, de l'aventure spontanée, dans un voyage initiatique.

Sa vie errante faite de parcours insensés dans tous les sens entre les Etats-Unis et le Mexique prend alors fin. Jack Kerouac sombre alors dans l'alcoolisme, échouant dans sa quête de spiritualité bouddhique, brisant les liens avec plusieurs de ses amis, .... Cette déchéance pendant laquelle il écrit quand même de nombreux livres et articles, appaît dans des shows télévisés et enregistre même trois albums parlés, est la conséquence de l'incompréhension des médias, la non reconnaissance de son travail par les critiques et des différents échecs de ses mariages avec Edie Parker et Joan Haverty.

Abattu et seul, il passe la fin de sa vie en compagnie de sa troisième femme Stella Sampras et de sa mère. Jack Kerouac qui meurt le 21 octobre 1969 à 47 ans à St. Petersburg en Floride, dans la misère deviendra seulement quelques années plus tard, l'objet d'un culte de la personnalité, avec un livre-phare, écrit comme une improvisation. Son compagnon de route, Neal Cassady, modèle du personnage principal de Sur la route, avait subi son funeste sort, à 42 ans, quelques mois plutôt, victime de ses abus des substances nocives et de l'usure précoce de la santé.

 

- L'auteur -

 

Amateur de benzedrine, de marijuana, de café fort, Jack Kérouac écrivait en torrent continue, sans reprendre son souffle, comme Dumas, Dostoievski, presque sans retour sur soi. Il invente l'écriture spontanée pour traduire l'explosion, la tornade d'idées et de fantaisies, son imaginaire de l'hyperactif, trop pressé d'en finir, imaginant le produit final, avant même le commencement.

 

Du 2 avril au 22 , j'ai écrit 125 000 mots d'un roman complet, une moyenne de 6 000 mots par jour, 12 000 le premier, 15 000 le dernier. J'ai raconté toute la route à présent. Suis allé vite parce que la route va vite….écrit tout le truc sur un rouleau de papier de 36 mètres de long. Je l'ai passé dans la machine à écrire et en fait pas de paragraphes …Je l'ai déroulé sur le plancher et il ressemble à la route...

 

Jack Kérouac craignait de perdre le filon de sa pensée s'il devait s'interrompre un seul instant. Il avait donc construit ce parchemin ingénieux, par collage successif de feuilles.

Pendant 20 jours, Kerouac ne va cesser de taper son roman, ne se nourrissant que de café et de soupe aux pois cassés. Il sue tellement qu'il change de tee-shirt des douzaines de fois… Il sort un texte, sans paragraphes ni virgules...

Le livre de Jack est arrivé et c'est un sacré fouillis. C'est effectivement formidable, mais il a fait tout ce qu'il a pu pour le saloper avec des tas de conneries sans intérêt.

Il faudra six ans pour parachever le produit de son travail de trois semaines et faire face aux refus des éditeurs.

- La beat generation -

 

San Francisco, ondulant sur ses collines, avec ses tramways qui escaladent les rues depuis Fisherman wharf vers les sommets depuis lesquels on découvre la baie, l'Alcatraz, les lumières d'Oakland où vécut Jack London, le Bay Bridge, ... San Francisco enveloppée d'une vague de brouillard venue du Pacifique où même au coeur de l'été, le froid du large nous enveloppe ... San Francisco, avec en son coeur le quartier chinois, Market street où se cotoient les yuppies, les start up et les exclus toujours plus nombreux de l'Amérique.

Quarante ans plus tôt, près de Telegraph Hill, dans le quartier de North Beach, San Francisco est comme on la découvre aujourd'hui. Sauf que dans une boite installée dans un ancien restaurant chinois, le Cellar, de jeunes poètes sont venus y lire leurs vers avec accompagnement à la batterie. Ils sont assez nombreux pour qu'on puisse parler de renaissance littéraire de San Francisco et c'est au jazz qu'ils ont pris le mot choisi pour nommer leur génération, le mot beat.

Le mot beat désignait aussi depuis le XIXème siècle, un vagabond du rail voyageant clandestinement à bord des wagons de marchandises. Peu à peu ce mot a pris le sens que lui ont donné les jazzmen noirs. Beat évolue de manière à signifier une façon de traverser la vie. Etre beat devient être foutu, à bout de souffle, exténué.

D'autres mots, empruntés au jazz et à la danse, servent à exprimer un état d'esprit, une morale, une esthétique : cool, hip, swing, ...

Etre beat, c'est rejeter le passé et le futur, se rebeller contre toute autorité organisée, mépriser le square. Le square, mot qui signifie à la fois carré et honnête, est celui qui vit enfoncé dans son ornière, qui croit témoigner par sa vie en faveur de toutes les valeurs décentes du bien pensant - en un mot le bourgeois, le salaud.

Le beatman s'oppose au square. Le beatman a rejeté le mensonge social, il s'est enfui sur les routes d'Amérique, loin de l'est industriel, les poèmes de Rimbaud dans une poche, dans l'autre ceux de Jean Genet, désespéré, lucide, dur au coeur tendre, amer, pauvre, affamé ...!

Et à travers le continent, gémissant et terrible, chanté par Whitman, Mark Twain, Thomas Wolfe, il crie sa détresse, sa haine des poètes officiels des Universités, les nouveaux poètes de cours ; il trompe sa faim en fumant de la marijuana, il se saoule à mort le samedi soir dans une petite ville des Rocheuses, il mord la poussière, il passe quelques mois dans une maison de correction, comme Oscar Wilde dans le geôle de Reading, et un beau jour, dans une vieille caisse volée avec des copains de rencontre, il arrive par la route de Sacramento jusqu'au point où San Francisco apparaît comme sortie des flots.

Ainsi la vitesse à bord des voiture volées, l'alcool, la marijuana, tous sont éléments d'un nouveau romantisme qui a pour objectif le rejet de la société bourgeoise !

 

- Quelques figures marquantes -

 

Neal Cassady, sans être écrivain, fut la figure la plus importante du mouvement beatnik. Il vécut ce que d'autres allaient célébrer en vers et en prose, le modèle du clochard céleste. Jack Kerouac l'a depint sous les traits de Dean Moriarty, le héros de Sur la route. Allen Ginsberg dédie Howl à Kerouac et Cassady faisant allusion à l'existence à une autobiographie de ce dernier. Cette autobiographie a pour titre Fils de clochard (titre original, The first third). Elle nous ramène à une autre époque, à une autre génération perdue : celle des années 30, de la Dépression, du chômage, les soupes populaires,, les trains bondés de travailleurs migrants, ... Neal Cassady couvre le même territoire que Steinbeck et Woody Guthrie avec cette fois Denver et le Colorado en toile de fond. Fils de clochard a la force tranquille des témoignages, des écrits qui ne se proposent pas de construire à partir d'une expérience mais simplement de livrer des faits. L'autobiographie de Neal Cassady s'arrête à 150 pages : en février 1968, son corps fut retrouvé sur une voie ferrée mexicaine. Il avait absorbé un mauvais mélange d'alcool et de barbituriques et marché jusqu'au bout.

 

Lawrence Ferlinghetti compte au moins autant comme animateur que comme poète. Il fonde la Citylights Bookshop, foyer du mouvement beat, publie les premiers recueils de Ginsberg ou Gregory Corso, traduit (Paroles de Prévert), est mêlé aux premières manifestations antinucléaires et pacifistes des années 60. Le meilleur de la production poétique de Lawrence Ferlinghetti réside dans ses poèmes politiques qui occupent le dernier tiers de Oeil Ouvert, coeur ouvert et la totalité de Tyrannus Mix. La langue y est crue, argotique, brève et menaçante et ironique. Lawrence Ferlinghetti a écrit un certain nombre d'oral message (de pièces pour accompagnement de jazz), mais cette étiquette convient à toute sa poésie qui passe du récitatif à l'invective et évolue dans difficulté dans le paysage des médias.

 

Gary Snyder s'est tracé à l'intérieur du mouvement beat un itinéraire à part. Il a vécu en solitaire, loin des villes, tantôt marin, tantôt garde-forestier. Il fait de longs séjours en Inde et au Japon (il étudie dans un monastère) et il acquiert une connaissance des philosophies de l'Orient bien éloignée du vernis affiché par tout ce qui se proclame beat ou hippie. Ses poèmes sont souvent proches des haïku et se referment en énigme sur le non-dit. Il décrit un pays qui est triple : les étendues sauvages de l'ouest américain, l'orient et l'inconscient. Snyder ne fait rien d'autre qu'accomplir une noouvelle fois ce qui, depuis les transcendantalistes, constitue le Pilgrim' progress à l'américaine : un recul perpétuel de la frontière jusqu'au point où l'ouest devient l'est, puis jusqu'à la frontière ultime qui est mentale. Plus particulièrement Snyder fuit l'Amérique blanche soit par le zen, soit par l'identification à l'indien.

 

Charles Bukowski s'est mis à écrire sur le tard mais il rattrape le temps perdu : romans, nouvelles, poèmes, articles dans les journaux. Ses textes nient les catégories mêlant l'anecdote et le délire, la diatribe et le plaidoyer, le souvenir et la prophétie. Bukowskin c'est la liquidation de l'ère beat. Il récuse Burroughs, Genet, Ginsberg, la poésie, renvoie dos à dos les mystiques et les révolutionnaires, dictature et démocratie, se moque du sexe ; il se présente comme un raté professionnel. Ses récits sont pleins de souleries grandioses, de ménages tuyau de poèle, ...Nulle trace d'animosité dans son attitude ; ni programme, ni revendication. Il se contente de dire que tant qu'il reste de quoi faire péter quelques bières ça permettra de tenir jusqu'à la prochaine fille !

Autour de la beat generation, quelques personnalités marquantes ...

 

Quelques noms marquants de cette période agitée de l'histoire de la littérature américaine et ses répercutions dans la société, ...

 

Charles Bukowski William Seward Burroughs Neal Cassady Gregory Nunzio Corso

Lawrence Ferlinghetti Allen Ginsberg Gary Snyder

Bibliographie

 

The Town and The City,1950

Avant la Route, La Table Ronde, 1990

 

On the Road,1957

Sur la Route, Gallimard, 1960 (poche coll. Folio)

 

Doctor Sax, 1958

Docteur Sax, Gallimard, 1962 (poche coll. Folio)

 

The Subterraneans, 1958

Les Souterrains, Gallimard, 1964 (poche coll. Folio)

 

The Dharma Bums, 1958

Les Clochards Célestes, Gallimard, 1974 (poche coll. Folio)

 

Maggie Cassidy, 1959

Maggie Cassidy, Stock, 1984 (poche coll. Points)

 

Mexico City Blues, 1959

Mexico City Blues, Christian Bourgeois, 1995

 

Book of Dreams, 1960

 

Tristessa, 1960

 

The Scripture of The Golden Eternity, 1960

 

Lonesome Traveler,1960

Le Vagabond Solitaire, Gallimard, 1969 (poche coll. Folio)

 

Pull My Daisy, 1961

 

Big Sur,1962

Big Sur, Gallimard, 1979 (poche coll. Folio)

 

Visions of Gerard, 1963

Visions de Gérard, Gallimard, 1972

 

Desolation Angels,1965

Les Anges Vagabonds, Denoël, 1968 (poche coll. Folio)

 

Satori in Paris, 1966

Satori à Paris, Gallimard, 1971 (poche coll. Folio)

 

Vanity of Duluoz, 1968

Vanité de Duluoz, Christian Bourgeois, 1995 (poche coll. 10/18)

 

Scattered Poems, 1971

Scattered Poems, Seghers, 1976

 

Pic, 1971

Pic, La Table Ronde, 1988

 

Visions of Cody,1972

Visions de Cody, Christian Bourgeois, 1990 (poche coll. 10/18)

 

Trip Trap (haïkus), 1973

 

Heaven and Other Poems, 1977

 

San Francisco Blues, 1983

 

Dear Carolyn : Letters to Carolyn Cassady, 1983

 

Poems All Sizes, 1992

 

Old Angel Midnight, 1993

Vieil Ange de Minuit, Gallimard, 1998

 

Good Blonde and Others, 1993

Vraie Blonde et Autres, Gallimard, 1998

 

Selected Letters 1940-1956, 1996

Lettres Choisies 1940-1956, Gallimard, 2000

 

Book of Blues, 1995

Book of Blues, Denoël, 2000

 

Selected Letters 1957-1969, 1999

 

Some of the Dharma, 1999

Dharma, Fayard, 2000

 

Atop an Underwood : Early Stories and Other Writings, 1999

 

Door Wide Open, 2000

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