Le mouvement hippie naquit en Californie au milieu des années 1960 ; le terme de «hippies» fut utilisé pour la première fois en septembre 1965 dans un journal de San Francisco, l'Examiner, et fait référence à l'argot hip, qui désigne un rythme jazz ou encore un fumeur de haschisch. La contre-culture hippie reprit le thème du voyage en le concevant comme un élargissement de la conscience. Les hippies n'appartenaient à aucun mouvement structuré, et ne se définissaient que par un style de vie en rupture avec celui des générations précédentes. On peut pourtant dégager un ensemble de croyances partagées par les hippies, qui constitue l'ossature du «flower power» : la vie en communauté, la musique, les drogues, les philosophies orientales, une approche nouvelle des relations humaines fondée sur la paix et l'amour — «peace and love», selon le slogan du flower power.
Les grands moments du mouvement hippie furent parfois politiques, comme avec la marche pour la paix à Washington en 1970, mais le mouvement en resta le plus souvent aux aspects culturels, par exemple avec les festivals rock de Monterey du 16 au 18 juin 1967 et de Woodstock en août 1969, les films Easy Rider (de Denis Hopper, 1968) ou More (de Barbet Schroeder, 1969, avec la musique de Pink Floyd), ou encore avec l'«été de l'amour» en 1967 à San Francisco.
Le mouvement se répandit rapidement dans les autres pays anglo-saxons et les pays nordiques, où il influença le mouvement antiautoritaire européen — provos et squatters d'Amsterdam, communautés comme celles de Christiana… Enfin, aux États-Unis même, les hippies eurent des descendants plus politiques ; ainsi, Abbie Hoffmann et Jerry Rubin fondèrent en 1968 le mouvement pacifiste Youth International for Peace («jeunesse internationale pour la paix»), le YIP, d'où le nom de «yippies» attribué à ses militants. Jerry Rubin publia le manifeste du mouvement, Do it («fais-le»), en 1971, avant de devenir un investisseur fameux de Wall Street.
On peut dater le début du déclin du mouvement hippie du 6 décembre 1969, lorsqu'un spectateur noir d'un concert des Rolling Stones fut assassiné par leur service d'ordre composé de Hell's Angels, membres d'un groupuscule raciste, ce qui fit éclater l'incohérence des adeptes du flower power, tout en montrant que leur mouvement pouvait facilement être détourné de ses buts et récupéré par les industries culturelles traditionnelles — édition musicale notamment.